mercredi 14 novembre 2012

Lutte contre la mortalité maternelle dans le Centre-nord, le théâtre forum comme moyen de sensibilisation des populations rurales

A la suite de la caravane nationale de sensibilisation et de plaidoyer en faveur du droit à la santé maternelle intervenue en 2010, et à la faveur des séances de causeries débats sur les bonnes pratiques en matière de santé maternelle organisées en partenariat avec Save the Children dans la région du centre nord, Amnesty International Burkina Faso souhaite aller plus loin et toucher le maximum de populations, notamment celles vivant en zone rurale.Pour cela, l’équipe d’Amnesty Burkina a sillonné trois (3) villages de la région du centre nord le week-end dernier en vue d’organiser des séances de théâtre forum de sensibilisation sur la santé maternelle. Après la première représentation théâtrale sur le droit à la sante maternelle dans le village de Damané, la troupe de théâtre et la délégation d'Amnesty ont poursuivi cette séance de sensibilisation dans deux (2) autres villages dans la soirée du samedi 10 et du dimanche 11. Le samedi, c'était le village de Naa-kombgo qui a accueilli le theatre. Le dimanche c'etait le tour du village de Niangdhin, un village situé à 7 kilomètre de Pisla. Tout comme la toute première représentation, l'animation a toujours débuté par une brève présentation d'Amnesty et un rappel des séances de causeries-débats passées et des objectifs du théâtre forum. Ensuite, la troupe a mis en scène plusieurs séquences portant sur les causes, les manifestations et les conséquences de la mortalité maternelle. Juste après cette représentation, la partie forum intervenait, permettant de reprendre certaines parties de la pièce de théâtre et garantissant ainsi la participation du public. Cette partie a connu une participation effective des différentes populations participantes. La capacité des volontaires à se substituer aux comédiens pour reprendre certains passages du théâtre et de proposer de surcroit les comportements convenables, constituait pour nous le critère d'appréciation le plus important de l'intérêt et de la compréhension du message que Amnesty a voulu transmettre à ces populations. Pour garantir cela également, l'équipe d'Amnesty reprenait la parole à la fin du forum pour repréciser le message et inviter les populations à se mobiliser pour revendiquer leur droit à la sante maternelle, tout en adoptant des comportements favorables aux bonnes pratiques en matière de santé maternelle.
En somme, plus de 300 personnes ont pris part à chaque représentation. Les personnes qui ont pris la parole au cours de ces représentations, ainsi que les femmes leaders qui ont contribué à la mobilisation et à l'organisation de cet événement ont donné des avis positifs quant à la réussite et de l'importance de ce outil de transmission des informations aux populations.
 
Pour Amnesty Burkina, il s’agit d'utiliser le théâtre forum comme vecteur d’information et de sensibilisation des populations sur les droits liés à la santé maternelle afin de lutter durablement contre la mortalité maternelle dans tous les villages du Burkina Faso.


Elections couplées 2012 : les femmes de la région des hauts bassins entendent exposer leurs préoccupations liées à la santé maternelle aux leaders locaux !


Cela fait plus deux (2) années que Amnesty International a lancé la campagne pour la promotion du droit à la santé maternelle et la réduction de la mortalité maternelle au Burkina Faso. Si des engagements formels ont été pris au plus haut sommet de l’Etat, et même si le contexte actuel s’offre davantage au débat et au renforcement de l’approche fondée sur les droits humains dans la lutte contre la mortalité maternelle, force est de constater que les difficultés liées à l’accès aux soins et aux droits sexuels et reproductifs continuent d’être une réalité pour beaucoup de populations. En effet, beaucoup de personnes rencontrées par les équipes d’Amnesty Burkina lors des séances de sensibilisation se félicitent de la prise de conscience et des changements de comportement au niveau de certaines communautés. C’est ce que, par exemple, les femmes des villages de Kouakoualé et de Badala dans la région des Hauts – bassins ont témoigné lors de leur rencontre avec la Chargée de campagnes sur l’Afrique de l’ouest d’Amnesty International au début du mois de novembre.

L’un des axes de la campagne étant de contribuer à l’autonomisation des populations, notamment les femmes, dans la revendication de leur droit à la santé maternelle, a conduit Amnesty Burkina à faire un travail de renforcement des capacités des femmes et des communautés dans le plaidoyer pour la prise en charge de leurs préoccupations liées à la santé maternelle. Au Burkina Faso, le processus de décentralisation bat son plein. Dans ce cadre d’ailleurs, des compétences relatives à la gestion des centres de premier niveau de soins ont été rétrocédées aux communes.  Des initiatives fortes au niveau décentralisé dans le domaine de santé maternelle pourraient que contribuer à l’accompagnement des efforts déployés au niveau national en vue de réduire de façon significative les décès maternels évitables. Autrement dit, les débats politiques à venir constituent des enjeux importants d’expressions et de prises en compte des préoccupations majeures des populations. C’est le souhait de beaucoup de femmes, et vivement que cela soit partagé par la multitude de leaders politiques désireux de briguer des mandats électifs pour les années à venir et que, enfin s’émergent davantage de dirigeants consciencieux prompts à prendre des engagements et les traduire dans les faits pour que des solutions idoines soient trouvées en vue d’en finir avec les décès maternels évitables dans notre pays.

En rappel, selon le Ministère de la santé (statistiques 2007) plus de 2000 femmes meurent chaque année au Burkina de suite de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. Or, du point de vue des spécialistes, la quasi-totalité de ces décès auraient pu être évités si ces femmes avaient eu accès aux soins et à temps, et si elles avaient eu l’information et le pouvoir de décider relativement à leurs droits sexuels et reproductifs.