mercredi 1 avril 2015

Statistiques mondiales sur la peine de mort 2014 : Amnesty Burkina Faso livre la situation alarmante de l’utilisation de la peine de mort comme moyen de lutte contre le crime et le terrorisme aux médias burkinabé

A l’occasion du lancement du rapport annuel d’Amnesty International sur les statistiques mondiales en matière de peine de mort, la section nationale d’Amnesty International au Burkina Faso a convié les médias burkinabé à son siège pour un point de presse ce matin 1er avril 2015.

Au menu de ce point de presse, il y avait la présentation de la synthèse du rapport qui a été suivi d’un débat entre les représentants d’Amnesty Burkina et les journalistes. Au titre de la présentation du rapport, quatre messages principaux ont été transmis aux journalistes. Il s’agit d’abord du fait que beaucoup de pays ont fait recours à la peine de mort pour répondre aux menaces réelles ou supposées liées au terrorisme, à la criminalité et à l’instabilité interne de certains Etats. En effet, au lendemain de l’attentat meurtrier contre l’école de Peshawar au Pakistan, le gouvernement a exécuté sept personnes en moins de deux semaines de procédure et promis d’exécuter des centaines d’autres pour infractions liées au terrorisme. La Corée du Nord, l’État de Palestine et l’Iran – ont continué de recourir à la peine de mort en vue d’écraser la dissidence politique. Ensuite, l’année 2014 a connu une nette augmentation du nombre de personnes condamnées, consécutive aux procès collectifs qui ont eu lieu au Nigéria et en Egypte. Cette situation a fait passer les chiffres de 1 925 condamnations en 2013 à au moins 2 466 en 2014, soit une hausse de 28%. En fin 2014, 19 094 personnes au moins étaient dans le couloir de la mort dans le monde. En outre, le nombre d’exécutions est passé de 778 en 2013 à au moins 607 en 2014, soit une baisse de 22%. Cette tendance, qui rappelle la tendance durable vers l’abolition universelle de la peine de mort, s’est également révélée à travers la diminution  du nombre d’exécutions de condamnés à mort dans les différentes parties du monde, notamment en Afrique subsaharienne, au Moyen Orient et en Afrique du nord… Dans d’autres pays, des avancées ont été notées au niveau de la législation. Il s’agit notamment de Madagascar où un projet de loi d’abolition de la peine de mort a été voté, et des Etats-Unis avec l’instauration de l’Etat de Washington d’un moratoire sur les exécutions le 11 février. Le Bénin, le Tchad, la Mongolie et le Suriname étaient eux en train d’examiner des projets de loi visant à abolir la peine de mort. Toujours dans le registre des avancées, le rapport relève le nombre impressionnant d’Etats (117 Etats) qui ont voté en faveur de la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies de décembre visant à instaurer un moratoire mondial sur les exécutions. Enfin, le rapport sur les statistiques mondiales en matière de peine de mort revient sur l’opposition d’Amnesty International à la peine capitale, et ce en toutes circonstances et sans exception, indépendamment de la nature et des circonstances du crime commis, de la situation du condamné, de sa culpabilité ou de son innocence, ou encore de la méthode utilisée pour procéder à l’exécution. Pour mieux expliciter ce point de vue, les animateurs du point de presse sont revenus sur l’inefficacité de la peine de mort à produire des effets sur la criminalité ou le terrorisme. Ils ont également dénoncé la violation du droit à la vie et le châtiment cruel et dégradant que représente la peine de mort, ainsi que le scandale que constitue l’exécution de mineurs et de personnes souffrant de troubles mentaux ou intellectuels, signalée dans certains pays du globe. Un autre fait troublant a été le nombre de personnes, 112 au total, qui ont été disculpés dans le monde, montrant à quel point de nombreux innocents pourraient être exécutés dans le cadre de la peine de mort.


Après cette synthèse du rapport de près de 80 pages, les représentants d’Amnesty Burkina se sont prêtés aux questions et aux contributions des journalistes. Ceux-ci se sont intéressés au scepticisme et à l’opposition ouvertement exprimée de certains concitoyens à l’abolition de la peine de mort. Etaient également au centre de leurs préoccupations, la situation générale de la peine de mort au Burkina, ainsi que la situation paradoxale  dans laquelle se trouve le Burkina Faso, notamment le fait qu’il n’a pas encore aboli la peine de mort, alors même que le droit et les engagements internationaux auxquels il est lié le lui oblige.