A l’occasion
du lancement du rapport annuel d’Amnesty International sur les statistiques
mondiales en matière de peine de mort, la section nationale d’Amnesty
International au Burkina Faso a convié les médias burkinabé à son siège pour un
point de presse ce matin 1er avril 2015.
Au menu de
ce point de presse, il y avait la présentation de la synthèse du rapport qui a
été suivi d’un débat entre les représentants d’Amnesty Burkina et les
journalistes. Au titre de la présentation du rapport, quatre messages
principaux ont été transmis aux journalistes. Il s’agit d’abord du fait que beaucoup
de pays ont fait recours à la peine de
mort pour répondre aux menaces réelles ou supposées liées au terrorisme, à la
criminalité et à l’instabilité interne de certains Etats. En effet, au
lendemain de l’attentat meurtrier contre l’école de Peshawar au Pakistan, le
gouvernement a exécuté sept personnes en moins de deux semaines de procédure et
promis d’exécuter des centaines d’autres pour infractions liées au terrorisme. La Corée du Nord, l’État de Palestine et l’Iran – ont continué de recourir à la
peine de mort en vue d’écraser la dissidence politique. Ensuite, l’année 2014 a
connu une nette augmentation du nombre
de personnes condamnées, consécutive aux procès collectifs qui ont eu lieu
au Nigéria et en Egypte. Cette situation a fait passer les chiffres de 1 925
condamnations en 2013 à au moins 2 466 en 2014, soit une hausse de 28%. En
fin 2014, 19 094 personnes au moins étaient dans le couloir de la mort
dans le monde. En outre, le nombre d’exécutions
est passé de 778 en 2013 à au moins 607 en 2014, soit une baisse de 22%.
Cette tendance, qui rappelle la tendance durable vers l’abolition universelle
de la peine de mort, s’est également révélée à travers la diminution du nombre d’exécutions de condamnés à mort
dans les différentes parties du monde, notamment en Afrique subsaharienne, au
Moyen Orient et en Afrique du nord… Dans d’autres pays, des avancées ont été
notées au niveau de la législation. Il s’agit notamment de Madagascar où un
projet de loi d’abolition de la peine de mort a été voté, et des Etats-Unis
avec l’instauration de l’Etat de Washington d’un moratoire sur les exécutions
le 11 février. Le Bénin, le Tchad, la Mongolie et le Suriname étaient eux en
train d’examiner des projets de loi visant à abolir la peine de mort. Toujours
dans le registre des avancées, le rapport relève le nombre impressionnant d’Etats
(117 Etats) qui ont voté en faveur de la résolution de l’Assemblée générale des
Nations Unies de décembre visant à instaurer un moratoire mondial sur les
exécutions. Enfin, le rapport sur les statistiques mondiales en matière de
peine de mort revient sur l’opposition d’Amnesty
International à la peine capitale, et ce en toutes circonstances et sans
exception, indépendamment de la nature et des circonstances du crime commis, de
la situation du condamné, de sa culpabilité ou de son innocence, ou encore de
la méthode utilisée pour procéder à l’exécution. Pour mieux expliciter ce
point de vue, les animateurs du point de presse sont revenus sur l’inefficacité
de la peine de mort à produire des effets sur la criminalité ou le terrorisme.
Ils ont également dénoncé la violation du droit à la vie et le châtiment cruel
et dégradant que représente la peine de mort, ainsi que le scandale que
constitue l’exécution de mineurs et de personnes souffrant de troubles mentaux
ou intellectuels, signalée dans certains pays du globe. Un autre fait troublant
a été le nombre de personnes, 112 au total, qui ont été disculpés dans le
monde, montrant à quel point de nombreux innocents pourraient être exécutés
dans le cadre de la peine de mort.
Après
cette synthèse du rapport de près de 80 pages, les représentants d’Amnesty
Burkina se sont prêtés aux questions et aux contributions des journalistes.
Ceux-ci se sont intéressés au scepticisme et à l’opposition ouvertement
exprimée de certains concitoyens à l’abolition de la peine de mort. Etaient également
au centre de leurs préoccupations, la situation générale de la peine de mort au
Burkina, ainsi que la situation paradoxale dans laquelle se trouve le Burkina Faso,
notamment le fait qu’il n’a pas encore aboli la peine de mort, alors même que
le droit et les engagements internationaux auxquels il est lié le lui oblige.
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