Le samedi 22 mai dans la soirée, une trentaine de jeunes filles, étudiantes à l’Université de Ouagadougou, ont reçu la visite d’Amnesty Burkina à leur résidence universitaire. L’objectif était d’échanger et de promouvoir le débat autour du droit à la santé maternelle au Burkina Faso.
Après une brève présentation d’Amnesty international et de l’équipe, les filles ont suivi avec une attention soutenue l’histoire d’une femme morte en couche - inspirée de la réalité - que retrace le film « Zinibeogo ». L’objectif étant d’aboutir à des échanges à l’issue de la projection, l’équipe d’Amnesty Burkina a souhaité que les filles livrent leurs impressions et les sentiments qu’a pu susciter le film. Les filles ont, dans leurs interventions, dressé le tableau des causes des décès maternels et tirer la conclusion que la mortalité maternelle n’est pas une fatalité : la femme enceinte dans le film ne devait pas mourir, ont-elles ainsi reconnu. L’équipe d’Amnesty Burkina, partant de cette conclusion, a présenté succinctement la réalité de la mortalité maternelle au Burkina Faso et pour anticiper sur certaines interrogations, elle a expliqué l’intérêt d’Amnesty International pour la question de la santé maternelle. Cela a consisté à expliquer à ce public l’aspect « Droit Humain » de la Santé Maternelle et d’ouvrir une brèche sur la campagne et la caravane de sensibilisation et de plaidoyer en faveur du droit à la santé maternelle au Burkina Faso. Après cette phase d’information, les échanges ont été subtilement orientés sur la question des Droits Sexuels et Reproductifs.
Que pensent les étudiantes du statut de la femme par rapport à son pouvoir de décider de sa santé sexuelle et reproductive ?
Après une petite mise au point sur la notion de Droit Sexuel et Reproductif et un rappel des textes légaux en la matière, le vif débat né dans la salle était au diapason du milieu estudiantin. Partis de la question de la liberté pour une femme d’adopter une méthode contraceptive, les échanges ont été enrichis par des avis divergents. Sur l’anecdote de cette femme, atteinte de cancer au col de l’utérus à qui les agents de santé ont fait utiliser une méthode contraceptive, et qui s’est vue intimée l’ordre de l’enlever par son mari, une fille pense que les agents ne devaient amener une femme à adopter une méthode contraceptive sans l’avis du mari. Des points de vue divergents ont été donnés sur la question. Pour justifier leur point de vue, certaines filles ont rappelée le statut de la femme, un statut à travers lequel il est toujours utile, voire nécessaire pour une femme de s’en remettre à l’autorité du mari pour décider sur certaines questions. Pour celles qui défendaient mordicus cette liberté pour la femme de décider de sa santé sexuelle et reproductive, les hommes ne devraient pas empêcher l’exercice de cette liberté par la femme. Elles ont suggéré que l’on puisse rechercher l’avis favorable du mari, en tentant de lui faire comprendre le bien fondé, mais de passer outre s’il s’oppose. L’équipe d’Amnesty Burkina a appuyé ce point de vue en revenant sur la Loi n°049-2005/AN portant Santé de la Reproduction au Burkina Faso dont les Articles 8 et 9 garantissent le droit à la santé de la reproduction pour tout être humain et celui pour tout couple et individu de décider librement et avec discernement du nombre d’enfants et de l’espacement des naissances. Des contributions diverses ont permis de démontrer en quoi la planification familiale et les méthodes contraceptives contribuent à réduire la mortalité maternelle, et de façon générale à éviter des situations embarrassantes dans lesquelles pourraient conduire certaines grossesses.
L’avortement a été abordé sous l’angle des dispositions légales. Les quelques étudiantes en médecine qui étaient dans la salle ont contribué à établir les quatre situations dans lesquelles la loi permet l’avortement au Burkina. L’équipe d’Amnesty Burkina s’est empressée de préciser que l’avortement n’est pas une méthode contraceptive et peut constituer une cause de mortalité maternelle, d’où la nécessité d’informer les populations sur leur droit à la planification familiale et sur les dispositions légales qui encadrent l’avortement. Etant donné le caractère toujours tabou du sexe dans notre contexte, les étudiantes ont fait la proposition de sensibiliser les populations en vue de renverser cette tendance. Au sortir des débats, les étudiantes sont restées sur leur faim et n’ont hésité à demander que de telles rencontres d’information et d’échange puissent être organisées au sein de la cité universitaire au profit des jeunes étudiantes.
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