En Afrique, et plus
particulièrement au Burkina Faso, parler de la sexualité et de la reproduction
demeure encore un tabou.
Il n’y a pas de programme d’éducation efficace en la matière, et les jeunes
gens apprennent les choses dans le tas, parfois à leurs dépens. Les femmes et les
jeunes filles subissent en grande partie les conséquences liées aux difficultés
d’accès à l’information, à l’éducation et aux services en matière de sexualité
et de la reproduction. A cela, s’ajoutent les pratiques sociales et culturelles
qui empêchent les femmes de jouir de leur droit légitime à l’autonomie sur
propre corps. Cela est d’autant plus vrai pour les femmes et les jeunes filles
qui vivent en milieu rural, où la tradition est plus vivace. Depuis 2010,
Amnesty International aborde cette question dans le cadre de sa campagne en
faveur du droit à la santé maternelle, montrant le lien entre la violation des
droits sexuels et reproductifs et le taux élevé de décès maternels au Burkina
Faso.
Le « Café du monde »
organisé pour les jeunes à l’Institut Français de Bobo le 1er
février participe non seulement de cette dynamique de lutte contre la mortalité
maternelle, mais avait pour objectif spécifique de donner un plateau d’échanges
aux jeunes pour plus de maîtrise des enjeux liés aux droits sexuels et reproductifs. Ainsi,
utilisant la stratégie et les techniques du « Café
du monde », la quarantaine de jeunes participants a examiné et analysé
la question des droits sexuels et reproductifs sous l’angle de leur pertinence
et de leur importance dans la promotion des droits humains de façon générale.
Ils ont aussi réfléchi et proposé des méthodes et des stratégies de
communication avec les jeunes, afin de parvenir à l’information et à l’éducation
de ceux-ci sur les droits sexuels et reproductifs. Face à la satisfaction des
jeunes lors de ce « Café du monde », et la pertinence de la campagne
de promotion des droits sexuels et reproductifs exprimée, Amnesty International
Burkina Faso s’engage à multiplier les cadres de rencontres de jeunes autour de
cette question partout au Burkina. Cette action se focalisera sur la
discrimination liée au genre qui remplace le choix libre des femmes par des décisions
masculines, en requérant un accord préalable de la famille et du mari pour
l’accès à la contraception.
Ce travail faut-il le rappeler, est la suite
logique d’une longue lutte inachevée visant l’émancipation des femmes. En
effet, dans le cadre de la campagne contre les violences faites aux femmes, il
est aussi crucial de s’opposer aux atteintes aux droits liés à la sexualité et à
la reproduction. L’autonomie de la femme ou l’égalité genre tant énoncée ne
peut se réaliser que si les femmes peuvent aussi décider librement de leur propre
corps, notamment le moment, le nombre d’enfants, et surtout avec qui, elles
désirent les avoir. C’est juste un combat pour la liberté et l’égalité ! Isabelle
Finkel, psychologue au planning familial « Aimer jeune » de Bruxelles le
rappelait en ces termes : « Les droits sexuels et reproductifs, c’est le droit à
l’accès à l’information, à l’accès à la contraception — qui me semble
primordial, pour pouvoir choisir : est-ce que je veux une grossesse ? C’est le
droit d’avoir une vie sexuelle ou des rapports sexuels parce qu’on le désire et
pas parce que c’est dicté par des lois familiales ou religieuses. C’est ramener
ce choix-là, cette décision-là, à l’individu, et pas à la famille ou à la
société ou à la religion ».
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