Le 25 février dernier, dans la salle de conférence
de Pacific Hôtel de Ouagadougou, Amnesty International Burkina Faso procédait
au lancement du rapport annuel d’Amnesty International sur la situation des
droits humains dans le monde devant une quarantaine de journalistes des médias
burkinabé. Une dizaine de partenaires et une vingtaine de membres et
sympathisants sont venus également marquer leur solidarité et rappeler la
nécessité d’un engagement solidaire et continu en faveur des droits humains.
Pour peu que l’on puisse dire, les analyses et les
révélations faites dans le rapport confirment une crise d’une ampleur
considérable en matière de droits humains. En effet, les conflits armés marqués
parfois par une sauvagerie des groupes islamistes armés, la répression contre
les dissidents, l’impunité des tortionnaires et responsables militaires et
politiques… ont causé et continuent de causer des souffrances inouïes à des
millions d’individus dans toutes les différentes parties du monde. A titre
illustratif, des centaines de milliers de civils sont tués ou blessés dans des
conflits au Nigéria, au Pakistan…, tandis que des nettoyages ethniques se
déroulent en République Centrafricaine, en Irak… des violences sexuelles dans
les conflits en RDC, en Syrie. Des millions de personnes contraintes de fuir
les violences sont privées de refuge, de protection et d’aide, et abandonnées à
la mort.
Parmi ce spectre macabre et révoltant, des indicateurs
spécifiques de progrès ont tout de même été enregistrés. Il s’agit par
exemple de l’entrée en vigueur du traité sur le commerce des armes qui offre un
cadre de limitation des transferts internationaux d’armes et de munitions ;
du déploiement d’une force onusienne de maintien de la paix en République
Centrafricaine ; des confirmations de charge et des condamnations par la
CPI et des cours régionales des droits humains telle que la cour africaine des
droits de l’homme et des peuple…
Amnesty International reste cependant préoccupée
par les jours sombres qu’annoncent les réponses inefficaces au besoin de
protection des civils dans les conflits d’une part, et la menace que constitue
le pouvoir croissant des groupes armés d’autre part. Pour cause, Amnesty
International a constaté d’abord que les intérêts particuliers des Etats l’emportent
sur les besoins des victimes d’atteintes flagrantes aux droits humains,
entrainant des livraisons d’armes à des pays tel que la Syrie, où elles
servent à commettre de graves violations
de droits humains. En sus, l’utilisation du droit de véto paralyse scandaleusement
le Conseil de sécurité des Nations Unies dans sa capacité à protéger les civils
lorsque les intérêts des cinq membres permanents sont en jeu. Ce fut le cas en
Syrie, à Gaza et en Ukraine où le Conseil de sécurité n’a pas été à mesure
d’empêcher que des crimes et des atrocités soient commis contre des civils.
Ensuite, la lutte aveugle contre les combattants
islamistes armés s’est matérialisée par des réactions irréfléchies et l’adoption
de lois antiterroristes qui menacent la liberté d’expression. Au Nigéria par
exemple, l’enlèvement de 276 écolières par Boko Haram en avril était devenu
emblématique et les forces de sécurité nigériane ont souvent répliqué par des attaques brutales menées sans
discrimination, des exécutions extrajudiciaires, des arrestations massives et
arbitraires, des passages à tabac et des actes de torture.
Enfin, la réponse aux aspirations au changement exprimées
pas des populations entières lors de manifestations pacifiques s’est matérialisée
par une répression très souvent sanglante de manifestants, de journalistes,
d’opposants politiques… Au Burkina Faso, les forces de défense ont utilisé des
armes à feu, tuant une dizaine de personnes par balle. En Éthiopie, en Érythrée, au Rwanda… la liberté d’expression et de réunion a été bafouée par
les autorités qui étaient pourtant sensées la protéger, la respecter et la
mettre en œuvre.
Face à la menace perpétuelle aux droits de
populations entières dans toutes les parties du monde, Amnesty International
souligne la nécessité d’un changement fondamental de méthode pour garantir la
protection des civils dans les conflits armés et la liberté d’expression. Pour ce
faire, l’organisation demande aux Etats de laisser tomber les beaux discours et
de passer à l’action pour protéger les civils et ceux qui fuient les zones de
conflits et les persécutions. Elle invite également les cinq membres du Conseil
de Sécurité à renoncer à leur droit de véto dans les cas de génocide et
d’atrocités massives, et prie tous les Etats de limiter l’utilisation des armes
dans les zones peuplées et de prendre toutes les mesures nécessaires pour
combattre l’impunité persistante…
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